Par le collectif occasionnel
15 septembre,
Le collectif occasionnel invite Amar et Soraya, co-organisatrice des Putains de rencontres. Les Putains de rencontres est un festival qui s’adresse principalement aux travailleureuses du sexe et qui propose plusieurs ateliers et discussions sur les pratiques du tds. C’est un événement avant tout communautaire, conçu comme une boîte à outils pour les personnes concernées et parfois pour leurs allié.e.x.s.
Notre collectif a programmé une exposition et plusieurs événements portant également sur le tds, mais à l’adresse d’un public pas nécessairement renseigné sur les problématiques liées à la pratique du tds, dans une perspective de médiation, portée par des personnes concernées et des allié.e.x.s.
Dans cette discussion, il s’agit de questionner de manière large les enjeux autour d’une visibilisation publique du travail du sexe et de son inscription dans les milieux culturels. Le fait de parler de représentation du tds faite par des personnes concernées nous amène à penser plusieurs aspects : il y a par exemple celui des imaginaires que ces représentations peuvent véhiculer et sur leur réception. Est-ce que cela va dans le sens d’une avancée des droits et d’une déstigmatisation du métier ? Nous nous interrogerons également sur le fait d’être travailleureuse du sexe et d’être “out” publiquement, sur les conséquences de cette visibilisation et sur les différentes formes de militance. La récupération institutionnelle sera aussi un sujet que nous aborderons, tout comme la production, l’éthique et l’économie liée à ces événements.
La table ronde sera suivi du repas puis de la projection du film « Rêves Siamois » d’Iv Charbonneau Ching :
C’est en 2012, à Bangkok, que j’ai fait la connaissance de Aum Neko, alors jeune étudiante transgenre de 18 ans qui se lançait dans l’activisme LGBT. Sa fougue adolescente et volontiers provocatrice, sur des sujets d’abord légers comme la question du port de l’uniforme à l’université, avait fait parler d’elle sur les réseaux sociaux en Thaïlande. À l’origine de son combat, une question : comment faire ma place dans la société quand celle-ci rejette mon identité ?
J’ai alors été le témoin de sa médiatisation rapide. Tandis que la situation en Thaïlande se crispait progressivement, ses actions prenaient un tour de plus en plus politique. Icône étudiante de la défense de la démocratie, elle est devenue la cible des forces réactionnaires qui cherchaient à renverser le gouvernement élu. Accusée de crime de lèse-majesté, menacée par les mouvements ultra-royalistes, elle est traquée par l’armée quand les généraux prennent le pouvoir, le 22 mai 2014. Le film s’est alors poursuivi dans des conditions difficiles mais qui ont contribué à accroître l’intimité avec le personnage. En épousant le destin de Aum jusqu’à sa fuite hors de Thaïlande, ce film en cours devenait pour elle un refuge. Elle a finalement obtenu l’asile politique en France en 2015 où elle travaille et étudie aujourd’hui.