Lexique

Pour des questions de compréhension, un petit lexique est mis à disposition en référence à certains termes et concepts utilisés dans le programme. Pour les rendez-vous proposés durant la permanence, les intervenant·xes accordent une importance spécifique aux termes qui sont employés pour décrire leurs pratiques. Au BDQI, nous partons du principe que chacun·xe se définit comme iels le souhaitent. 
Ce lexique est une proposition de lecture des mots parmi d’autres multiples définitions possibles. Il ne se prétend pas être parfait, ni forcement complet et il est surtout important de se rappeler que l’utilisation de termes et leurs définitions sont amenés à évoluer et changer avec le temps.

Ce lexique est une proposition de lecture des mots parmi d’autres multiples définitions possibles. Il ne se prétend pas être parfait, ni forcement complet et il est surtout important de se rappeler que l’utilisation de termes et leurs définitions sont amenés à évoluer et changer avec le temps.

En espérant que ce petit lexique vous sera utile 🙂


Afroféminisme : Mouvement politique et militant visant à combattre à la fois les systèmes d’oppressions et d’exploitation que sont la suprématie blanche, le patriarcat et le capitalisme. S’il est à mettre en lien avec le Blackfeminism (cf définition), ce mouvement tient compte des particularités européennes et des contextes nationaux. Il a été très visibilisé dans les années 2013 via les réseaux sociaux et est aujourd’hui porté en France par des collectifs tels que Mwasi ou Swatche. La première organisation politique et collective de femmes Noires en France est la Coordination des Femmes Noires active à Paris de 1976 à 1982, puis le Mouvement des Femmes Noires de 1978 à 1982 entre autres.

D’après : https://www.mwasicollectif.org/glossaire/

Et pour aller plus loin: https://soundcloud.com/user-33369478/afrofeminisme?in=user-33369478/sets/isolation-termique

Blanchité : La blanchité, en anglais whiteness, est l’équivalent de ce qu’on pourrait aussi appeler la condition blanche.

(…) « Être blanc » est un marqueur social significatif dans un contexte qui associe la blancheur de la peau à la pureté, à la neutralité, à la supériorité de la civilisation occidentale, à l’universalité et à la normalité (Cervulle 2013 ; Essed & Trienekens, 2008). C’est l’ensemble de ces représentations associant couleur de peau et valeurs morales qui constitue la blanchité en fait de pouvoir et réalité contraignante exerçant de puissants effets sociaux et politiques (Guillaumin, 1992 : 215-216).

(…) La blanchité se comprend comme une idéologie raciste qui définit non seulement les frontières de l’appartenance, mais surtout les privilèges qui y sont associés. (…) La blanchité contribue à reproduire une violence raciste structurelle et exterminatrice (Kilani 2019), qui démontre que réduire le racisme à un préjugé individuel invisibilise, nie, voire renforce sa portée structurelle. (…)

La blanchité en Suisse s’exprime notamment par des privilèges qui se manifestent de différentes manières : ne pas se rendre compte que la couleur de peau est un marqueur social ; ne pas être systématiquement objet de soupçon dans les interactions avec l’administration ; ne pas devoir justifier sa présence dans l’espace national ; ou encore, ne pas risquer sa vie dans la rue. (…)

Explications tirées de la recherche d’Anne Lavanchy : https://www.ekr.admin.ch/f575.html

Voir aussi la recherche de Nell Irvon Painter sur l’histoire intellectuelle de la race blanche :

https://www.montraykreyol.org/article/nell-irvin-painter-raconte-lhistoire-de-la-blanchite-aux-etats-unis

Capitalisme : Régime économique et social, dans lequel les capitaux, source de revenu, les moyens de production et d’échange n’appartiennent pas à ceux qui les mettent en œuvre par leur propre travail.

Cisgenre (“cis”) : une personne qui se reconnaît dans l’identité de genre qui lui a été assignée (attribuée) à la naissance.

Décoloniale : La pensée décoloniale a émergé, depuis environ trente ans, à partir d’un collectif de pensée formé initialement en Amérique du Sud. Elle se différencie dans son approche de celle proposée par le postcolonialisme.

Elle dénonce une décolonisation incomplète dans laquelle les hiérarchies raciales, économiques, de genre persistent. Elle remet en cause l’eurocentrisme et dénonce une hégémonie économique et culturelle, prônant le recours à des savoirs pluriversels qui rendraient mieux compte de la diversité du monde et de l’hétérogénéité des connaissances.

Elle postule que, malgré l’obtention de l’indépendance pour de nombreux pays, des rapports de pouvoirs subsistent aujourd’hui encore entre les anciennes métropoles et anciennes colonies et que, dans le système de gouvernance mondial, les pays de la périphérie (le Sud global) sont maintenus en position de subordination (par le biais du FMI ou de la Banque mondiale, par exemple).

Partant du principe que le capitalisme n’est pas seulement un système économique, mais bien un réseau de pouvoir global, intégré par nos procédés économiques, politiques et culturels, elle adopte une approche très largement intersectionnelle : elle s’intéresse au croisement des oppressions, liées à la classe sociale, au genre, aux origines et elle vise à élargir les analyses.

D’après : https://www.ritimo.org/Qu-entend-on-par-pensee-decoloniale

Dyadique : désigne les personnes qui ne sont pas intersexes, les personnes né·e·s avec des caractères sexuels (génitaux, gonadiques et chromosomiques) correspondant aux attentes binaires imposées par la société. Par exemple un homme cisgenre dyadique est un homme qui a été assigné homme à la naissance, qui se reconnaît toujours comme tel aujourd’hui et qui n’est pas intersexe.

Féminismes : Mouvements politiques et militants, ainsi que théories critiques, les féminismes ont en commun la lutte contre le patriarcat ainsi que contre les systèmes d’oppressions et d’exploitations liés aux genres. Ils ont différentes histoires et existent sur tous les continents.

Certains féminismes se positionnent ou s’engagent également contre le racisme, contre la transphobie, la xenophobie, contre la grossophobie, contre l’hétéronormativité, contre le validisme, contre les prisons, contre le militarisme ou contre les abolitionnistes du travail du sexe.

Malheureusement, les idées féministes sont aussi instrumentalisées, le plus souvent par des mouvements féministes blancs ou par des groupes d’extrême droite à des fins nationalistes, racistes, xenophobes, capitalistes, transphobes, pro avortement, pro prison ou encore contre le travail du sexe etc.

Parallèlement, c’est trop souvent les mouvements féministes blancs qui s’approprient le travail et les réussites des mouvements féministes minorisés et marginalisés.

Hétéronormatif : Ce concept renvoie à des idéologies normatives en matière de sexes, de genres, d’orientations sexuelles et de rôles sociaux. L’hétéronormativité est construite dans un système qui impose la binarité des sexes (masculin/féminin), des genres (homme/femme), des rôles sociaux (p. ex. père/mère) et des orientations sexuelles (hétérosexuelle/ homosexuelle), et à l’alignement de ces dimensions (sexe féminin/femme/mère/hétérosexuelle ; sexe masculin/homme/père/hétérosexuel). L’hétéronormativité met donc en place un système dominant dans lequel les personnes qui ne respectent pas ces normes (comme les personnes non hétérosexuelles, trans, ou non conformes aux stéréotypes de leur genre) sont considérées comme étant inférieures.

D’après : https://chairedspg.uqam.ca/upload/files/fiches-realises/D%C3%A9finitions_diversit%C3%A9_sexuelle_et_de_genre.pdf

LSF (Langue des Signes Françaises): Cette langue est utilisée par des personnes sourdes ou malentendantes ou par des interprètes.

La langue des signes est un système linguistique visuel qui offre la possibilité d’élargir la pensée et de découvrir un nouveau point de vue. La langue des signes française ne traduit pas le français. Toute personne qui signe, pense en images. Apprendre cela représente un défi de taille pour la plupart des personnes entendantes. Toute personne qui apprend la langue des signes, apprend la grammaire et des signes, mais apprend surtout un nouveau système linguistique basé sur le visuel. La langue des signes est liée aux mains, aux bras, à la posture corporelle et aux mimiques.

La LSF a longtemps été consciemment négligée ou interdite dans l’éducation des personnes sourdes. Cette reconnaissance d’une langue spécifique est souvent vue par les personnes sourdes militantes comme une affirmation identitaire et une valorisation d’une particularité culturelle.

D’après : https://www.sgb-fss.ch/fr/langue-des-signes/langue-des-signes2/

https://www.persee.fr/doc/sosan_0294-0337_1994_num_12_3_1302

Mixité choisie : La mixité choisie est une forme d’organisation et de solidarité qui permet de se retrouver entre pair·x·e·s et entre personnes concernées par une ou des mêmes oppressions. Cela permet de pouvoir échanger, discuter, réfléchir et de décompresser à propos de certaines choses sans devoir toujours expliquer ou argumenter sur tel ou tel comportement ou idée politique face à une personne non concernée par une oppression.

Non-binaire : Façon de parler du genre sans se cantonner aux genres binaire femme/homme qu’impose la société. Ce terme désigne les personnes dont l’identité de genre ne s’inscrit pas dans les normes binaires, c’est à dire par exemple qu’elles ne s’identifient ni homme ni femme, estimant être aucun des deux, un « mélange » des deux ou être entre les deux. C’est donc aussi une identité de genre à part entière.

D’après : http://www.lgbt-lux.be/je-suis-non-binaire/

Panasiatique : Qui réunit l’ensemble des pays du continent asiatiques

Patriarcat : Système de structures, de relations sociales et de pouvoirs dans lequel les hommes cisgenres dominent et oppressent les femmes, les personnes trans, intersexes et non binaires, les enfants, les personnes minorisées, marginalisées et exploitées par l’occident, ainsi que les espèces non-humaines. Le patriarcat repose sur des structures tels que : la violence, l’État, la colonisation, les rouages capitalistes, la sexualité etc. Celles-ci interagissent les unes sur les autres pour donner lieu à différentes formes de patriarcat. L’État, le capitalisme et la colonisation sont les structures majeures du patriarcat.

Personnes racisées : Une personne racisée est une personne qui, par un processus de racialisation négative, est considérée et/ou représentée comme non-blanche et subit ainsi du racisme (d’état ou ordinaire). Les personnes racisées sont en général renvoyées à une appartenance (réelle ou supposée) à des groupes de personnes oppressées par la société en raison de leur couleur de peau, de leur origine, de leur nationalité, de leur religion, de leur statut légal ou de leur mode de vie.

Dans le cas des textes du Bureau Des Questions Importantes, ce terme permet aux personnes de s’auto-désigner pour s’organiser ou pour prendre soin de soi entre personnes concernées par des oppressions communes.

En lien avec ce terme, voici les définitions des mots race et racisme du collectif afroféministe Mwasi : https://www.mwasicollectif.org/glossaire/

Race : La race en termes biologiques n’existe pas. Cependant, le racisme projette des conséquences discriminantes et fait qu’elle existe en tant que construction sociale. Elle reste donc un outil d’analyse permettant de mettre à jour les processus par lesquels une personne est discriminée en fonction de sa couleur de peau et de son appartenance (réelle ou supposée) à un groupe ethnique et géographique

Racisme : Hiérarchisation des individus par d’autres individus en fonction de leur couleur de peau ou de leur ethnicité, réelle ou supposée. Par un processus de racialisation et donc d’altérisation, les personnes non-blanches sont considérées comme inférieures et l’Autre. Cela a principalement des conséquences matérielles (accès à l’emploi et au logement digne, survie face aux institutions, illégalité identitaire, etc) et psychologiques (dignité, maladies mentales, assimilation, dédoublement, etc).

Personnes trans (transgenre) : Une personne qui ne se reconnaît pas dans le sexe qui lui a été attribué à la naissance, une personne qui vit ou qui souhaite vivre dans un genre différent de celui qui lui a été assigné à la naissance. Cela englobe toute personne ayant fait ou souhaitant faire le choix d’une transition, qu’elle choisisse ou non d’avoir recours à des traitements médicaux et/ou des chirurgies dans cet objectif.

La transidentité peut se manifester par un sentiment personnel qu’il y a un décalage entre plusieurs choses : Le genre qui a été assigné par le corps médical à la naissance. La façon dont la personne est perçue par la société en termes de genre. Et la perception de sa propre identité.

Certaines personnes s’identifient hors des catégories de genre binaires (exclusivement femme / exclusivement homme) qu’impose la société, d’autres s’identifient entièrement à l’autre sexe.

D’après : https://outrans.org/ressources/lexique-outransien/

https://www.transwelcome.ch/fr/informationen/was-ist-trans/

https://wikitrans.co/2019/01/19/quest-ce-quune-transition/

Validisme : définition par le manifeste du CLHEE, Collectif Lutte et Handicaps pour l’Egalité et l’Emancipation : Nous affirmons que le handicap est un fait, une donnée de l’existence avec laquelle les personnes concernées composent au quotidien, et qu’il n’appartient pas aux personnes dites valides de le connoter arbitrairement, positivement ou négativement. Il est aussi une construction issue de processus sociaux et historiques qui ont conduit à disqualifier, stigmatiser et marginaliser les personnes handicapées. Nous entendons donc dénoncer et combattre le validisme qui fait de la personne valide en bonne santé la norme universelle et l’idéal à atteindre.

Le validisme se caractérise par la conviction de la part des personnes valides que leur absence de handicap et/ou leur bonne santé leur confère une position plus enviable et même supérieure à celle des personnes handicapées. Il associe automatiquement la bonne santé et/ou l’absence de handicap à des valeurs positives telles que la liberté, la chance, l’épanouissement, le bonheur, la perfection physique, la beauté. Par opposition, il assimile systématiquement le handicap et/ou la maladie à une triste et misérable condition, marquée entre autres par la limitation et la dépendance, la malchance, la souffrance physique et morale, la difformité et la laideur.

D’après : http://clhee.org/

Queer : Queer est à l’origine un mot anglais qui signifie “bizarre”, “de travers”. A partir de la fin du XIXe siècle, il devient une insulte populaire désignant les personnes gay/lesbienne. Des activistes se réapproprient le terme au début des années 1990 pour affirmer des sexualités et des genres subversifs. Ce terme, à forte dimension antisexiste et antiraciste, regroupe désormais les personnes qui n’adhèrent pas à la vision binaire des genres et des sexualités (Binarité Homme/Femme ou Hétéro-sexuel·x·le·s – Homosexuel·x·le·s) et ne veulent pas être catégorisées selon les normes imposées par la société.

Transphobie : Discrimination/haine/aversion/rejet des personnes trans et/ou des transidentités. La transphobieordinaire paraît souvent anodine aux personnes cis. Elle peut s’exprimer de manière ouverte, violente voir meurtrière ou de manière plus insidieuse. Ne pas respecter l’identité d’une personne en est un exemple. La transphobie peut être intériorisée, amenant une personne à se haïr elle-même ou d’autres personnes trans.

D’après : https://www.planning-familial.org/sites/default/files/2020-10/Lexique%20trans.pdf

Zine (fanzine) : Fanzine est une contraction anglaise de « fanatic magazine ». C’est un support papier, édité à petit coup, fait main, ou en ligne. Ces petits magazines sont auto-édités et ne sont pas distribués par des circuits traditionnels. C’est un support libre utilisé par des communautés minorisées ou marginalisées pour créer des publications critiques ou créatives qui soient proches de ce qu’elles aimeraient avoir à lire, à penser et à transmettre.