Pour des questions de compréhension, un petit lexique est mis à disposition en référence à certains termes et concepts utilisés dans le programme. Pour les rendez-vous proposés durant la permanence, les intervenant·x·e·s accordent une importance spécifique aux termes qui sont employés pour décrire leurs pratiques. Au BDQI, nous partons du principe que chacun·x·e se définit comme iel le souhaitent.
Ce lexique est une proposition de lecture des mots parmi d’autres multiples définitions possibles. Il ne se prétend pas être parfait, ni forcement complet et il est surtout important de se rappeler que l’utilisation de termes et leurs définitions sont amenés à évoluer et changer avec le temps.
En espérant que ce petit lexique vous sera utile 🙂
Adelphe
Le terme adelphe provient du grec ancien ἀδελφύς (adelphós), un adjectif qui pourrait se traduire approximativement en « relatif aux enfants de mêmes parents ». Ce mot est notamment adopté pour éviter d’utiliser les mots binaires frère ou soeur.
Il fait aussi partie de l’adelphité, terme regroupant de manière solidaire et dans un sentiment d’appartenance toutes les personnes sous un terme plus inclusif et en opposition à sororité ou fraternité qui excluent les personnes non binaires.
Afrodescendant·x·e·s
Une personne née sur le continent Africain ou née hors de celui-ci mais ayant des ancêtres né·x·e·s en Afrique subsaharienne.
Anthropologie
Discipline, située à l’articulation entre les différentes sciences humaines et naturelles, qui étudie l’être humain et les groupes humains sous tous leurs aspects, notamment physiques et culturels.
Asiodescendant·x·e·s
Personnes d’ascendance asiatique, dont l’origine et/ou la culture provient d’un pays de l’ensemble des pays du continent asiatique.
Bled
Ce terme vient de l’arabe et veut dire “le pays“, “la région“ ou “la ville“. Il est souvent utilisé par les personnes concernées par l’immigration ou celle de leurs parents, des pays dits du sud global vers l’occident pour nommer leur pays d’origine. Dans certains contextes, il peut servir à pointer du doigt les enjeux spécifiques liées aux questions de mobilités, d’appartenances et d’identités.
Capitalisme / capitaliste
Régime économique et social, dans lequel les capitaux, source de revenu, les moyens de production et d’échange n’appartiennent pas à ceux qui les mettent en œuvre par leur propre travail.
Crush
Désigne une personne envers qui des sentiments amoureux ou romantiques ou de l’attirance se développent (“ c’est maon crush“).
Diaspora
Se dit d’une communauté qui est à la fois hors du territoire qu’elle considère comme le sien et à la fois dispersée dans différents endroits. Se réfère en particulier à l’histoire du peuple juif. L’utilisation de ce terme a depuis été étendue à d’autres communautés.
Dichotomie
Division, opposition (entre deux éléments, deux idées).
Émancipateur
Adjectif désignant quelque chose qui émancipe, donc qui libère ou affranchit d’un rapport de soumission ou de domination.
Empuissancement
Traduction du terme anglophone empowerment, le mot empuissancement (ou empouvoirement) désigne le fait, pour une personne issue d’un groupe minorisé ou vulnérabilisé, d’acquérir notamment du pouvoir personnel, de l’autonomie, de la confiance et du contrôle sur sa vie et sa condition. C’est un processus qui peut inclure toute stratégie utilisée par une personne vulnérabilisée afin d’acquérir ce pouvoir. Cela peut se faire de différentes manières, notamment par des actions visant à renforcer son sentiment d’identité et son amour de soi, afin de contrer les stéréotypes rabaissant qui ont été internalisés. Une autre façon de s’empuissancer est de modifier ses conditions concrètes de vie, par exemple en s’entourant de personnes de confiance, avec des parcours similaires et qui sont prêtes à s’entre-aider et à se soutenir dans les discriminations vécues au quotidien. Dans cette optique, la mixité choisie est un outil important de l’empuissancement.
Éponyme
Qui donne son nom à quelque chose, à quelqu’un.
Exil
Obligation de quitter son état suite à un contexte de violences politiques, sociales ou de dérèglement climatique et de chercher refuge dans le cadre d’un ou d’autres états pendant une période d’une durée imprévisible, ou pour toujours. L’exil implique la perte du lieu habituel de vie, sans que les personnes concernées puissent avoir la garantie de trouver un nouveau lieu de vie où s’installer.
Exutoire
Action qui permet de se libérer, d’exprimer des souffrances ou des émotions fortes.
Fanzine
Fanzine est une contraction anglaise de « fanatic magazine ». C’est un support papier, édité à petit coup, fait main, ou en ligne. Ces petits magazines sont auto-édités et ne sont pas distribués par des circuits traditionnels. C’est un support libre utilisé par des communautés minorisées ou marginalisées pour créer des publications critiques ou créatives qui soient proches de ce qu’elles aimeraient avoir à lire, à penser et à transmettre.
Identité de genre
Correspond à la connaissance fondamentale de soi-même, à qui nous sommes et est ressentie par la personne elle-même. Elle n’est pas reliée aux organes sexuels et peut également évoluer au cours d’une vie. Une personne peut avoir une identité de genre féminine, masculine, non binaire, agenre (aucun genre particulier) ou autre.
Impérialisme
Manière d’imposer sa volonté, son pouvoir sur les autres de façons conquérante et oppressive que cela soit physique, politique, culturel, psychique et/ou économique. Comme pour créer un empire / un régime impérial.
ou
Stratégie politique de conquête visant la formation d’une domination politique, culturelle, économique, militaire et psychologique. Cette doctrine se donne pour objectif une mission civilisatrice dans le but de construire un Empire.
Incarnation
Processus par lequel une personne ou une chose s’incarne, c’est-à-dire prend forme à travers un corps.
Intersectionnalité
Décrit la situation de personnes affectées par plusieurs formes d’oppressions ou de discriminations. Dans la pratique militante il s’agit d’un outil permettant d’appréhender ces différentes formes d’oppression subies par d’autres que soi et de les joindre aux différentes luttes.
LGBTQIA+
LGBT est un sigle désignant à la base les personnes Lesbiennes, Gaies, Bisexuelles et Transgenres. Ce dernier a ensuite évolué pour inclure plus d’identités de genre et orientations sexuelles :
Une des évolutions du sigle LGBT que l’on retrouve fréquemment est LGBTQIA+, ce qui inclût toujours les personnes Lesbiennes, Gais, Bisexuelles, mais y ajoute les personnes Queers, Intersexes et Agenres ou Asexuelles. Le “+” est utilisé pour inclure toutes les autres réalités de minorités de genre ou d’orientations sexuelles/romantiques.
LSF (Langue des Signes Françaises)
Cette langue est utilisée par des personnes sourdes ou malentendantes ou par des interprètes.
Cette langue est utilisée par des personnes sourdes ou malentendantes ou par des interprètes.
La langue des signes est un système linguistique visuel qui offre la possibilité d’élargir la pensée et de découvrir un nouveau point de vue. La langue des signes française ne traduit pas le français. Toute personne qui signe, pense en images. Apprendre cela représente un défi de taille pour la plupart des personnes entendantes. Toute personne qui apprend la langue des signes, apprend la grammaire et des signes, mais apprend surtout un nouveau système linguistique basé sur le visuel. La langue des signes est liée aux mains, aux bras, à la posture corporelle et aux mimiques.
La LSF a longtemps été consciemment négligée ou interdite dans l’éducation des personnes sourdes. Cette reconnaissance d’une langue spécifique est souvent vue par les personnes sourdes militantes comme une affirmation identitaire et une valorisation d’une particularité culturelle.
Migration
Dans le langage courant, désigne la situation de toute personne qui quitte ou a quitté son pays – volontairement ou de manière forcée – et se retrouve dans un autre pays de manière temporaire ou durable. Ce terme générique désigne toutes les personnes qui migrent, que ce soit pour son travail, ses études, pour rejoindre sa famille ou encore pour fuir son pays, quel que soit leur statut de séjour ou la raison de leur départ : demandeur·x•euse·s d’asile, réfugié·x•e•s, personne sans papiers, étudiant·x•e·s, expatrié·x•e·s, travailleur·x•euse·s étranger·x•e·s…
Minorité
La notion de « minorité » a une multitude d’usages dans l’ensemble des sciences sociales, comme dans le champ politique, militant et médiatique. Il n’existe pas une définition rigoureuse qui couvrirait la multitude de situations spécifiques liées aux minorités.
Une minorité est un groupe de personnes qui, en raison de leurs races, genres, handicaps, origines, religions, cultures, orientation sexuelle et affective (etc. liste non exhaustive) est ciblé par un traitement discriminant et différent de la norme, et qui se considère donc comme objet de discrimination collective. « le concept sociologique de minorité doit donc être nettement démarqué de tout contenu quantitatif […]. Il ne réfère pas à des ensembles collectifs moins nombreux, mais à des ensembles collectifs dominés. De même que le concept de majorité, dans cette sélective ne signifie pas le plus nombreux, mais le dominant ».
Définition reformulée sur base de: https://www.cairn.info/revue-materiaux-pour-l-histoire-de-notre-temps-2020-3-page-6.htm
Mixité choisie
La mixité choisie est une forme d’organisation et de solidarité qui permet de se retrouver entre pair·x·e·s et entre personnes concernées par une ou des mêmes oppressions. Cela permet de pouvoir échanger, discuter, réfléchir et de décompresser à propos de certaines choses sans devoir toujours expliquer ou argumenter sur tel ou tel comportement ou idée politique face à une personne non concernée par une oppression.
Néocolonialisme
Est un terme qui dénonce le maintien dans des formes détournées ou discrètes de la domination politique, économique, culturelles, agraires sur les pays anciennement colonisés malgré l’indépendance proclamée. Par exemple l’achat de terres par des entreprises occidentales à des prix très avantageux afin de les accaparer au détriment des populations locales.
Non-binaire
Façon de parler du genre sans se cantonner aux genres binaire femme/homme qu’impose la société. Ce terme désigne les personnes dont l’identité de genre ne s’inscrit pas dans les normes binaires, c’est à dire par exemple qu’elles ne s’identifient ni homme ni femme, estimant être aucun des deux, un « mélange » des deux ou être entre les deux. C’est donc aussi une identité de genre à part entière.
Norme dominante
Ensemble d’attentes influençant les comportements, les codes ou les habitudes des personnes. Considérées comme normales, elles sont dictées de manière structurelle par les acteurs dominants comme les gouvernements, les multinationales ou les groupes de personnes détenant le pouvoir. Les personnes ne correspondant pas à la normalité souhaitée n’ont comme seules possibilités de tenter de s’y conformer ou d’y résister et voient de toute façon leur quotidien impacté négativement.
Normalisée
Dans ce cadre de normes dominantes, toutes les personnes qui ne correspondent pas à celles-ci sont la plus part du temps violemment incitées, poussées ou contraintes à se plier aux règles et codes de celles-ci. C’est notamment le cas pour les personnes considérées en situation de handicap qui sont poussées à tout prix pour rentrer dans les normes du monde validiste.
Orientation affective et sexuelle
Aussi appelée orientation romantique, l’orientation affective marque une différence entre l’attraction sexuelle et affective. Elle désigne le·s genre·s et/ou sexe·s avec le ou lesquels une personne est susceptible d’avoir une relation dite « amoureuse », en dehors de son ou ses attirances sexuelles.
L’orientation sexuelle d’une personne renvoie à son attirance sexuelle qu’elle peut ressentir envers les autres. Elle désigne le·s genre·s et/ou sexe·s avec le ou lesquels une personne est susceptible d’avoir une relation des relations sexuelles.
Patriarcat
Système de structures, de relations sociales et de pouvoirs dans lequel les hommes cisgenres dominent et oppressent les femmes, les personnes trans, intersexes et non binaires, les enfants, les personnes minorisées, marginalisées et exploitées par l’occident, ainsi que les espèces non-humaines. Le patriarcat repose sur des structures tels que : la violence, l’État, la colonisation, les rouages capitalistes, la sexualité etc. Celles-ci interagissent les unes sur les autres pour donner lieu à différentes formes de patriarcat. L’État, le capitalisme et la colonisation sont les structures majeures du patriarcat.
Personnes dissidentes
Cette formulation est utilisée notamment au Chili pour parler des personnes qui sont concernées par des minorités de genre ou d’orientations sexuelles/romantiques.
Personnes racisées
Une personne racisée est une personne qui, par un processus de racialisation négative, est considérée et/ou représentée comme non-blanche et subit ainsi du racisme (d’état ou ordinaire). Les personnes racisées sont en général renvoyées à une appartenance (réelle ou supposée) à des groupes de personnes oppressées par la société en raison de leur couleur de peau, de leur origine, de leur nationalité, de leur religion, de leur statut légal ou de leur mode de vie.
Une personne racisée est une personne qui, par un processus de racialisation négative, est considérée et/ou représentée comme non-blanche et subit ainsi du racisme (d’état ou ordinaire). Les personnes racisées sont en général renvoyées à une appartenance (réelle ou supposée) à des groupes de personnes oppressées par la société en raison de leur couleur de peau, de leur origine, de leur nationalité, de leur religion, de leur statut légal ou de leur mode de vie.
Dans le cas des textes du Bureau Des Questions Importantes, ce terme permet aux personnes de s’auto-désigner pour s’organiser ou pour prendre soin de soi entre personnes concernées par des oppressions communes.
En lien avec ce terme, voici les définitions des mots race et racisme du collectif afroféministe Mwasi : https://www.mwasicollectif.org/glossaire/
Race
La race en termes biologiques n’existe pas. Cependant, le racisme projette des conséquences discriminantes et fait qu’elle existe en tant que construction sociale. Elle reste donc un outil d’analyse permettant de mettre à jour les processus par lesquels une personne est discriminée en fonction de sa couleur de peau et de son appartenance (réelle ou supposée) à un groupe ethnique et géographique
La race en termes biologiques n’existe pas. Cependant, le racisme projette des conséquences discriminantes et fait qu’elle existe en tant que construction sociale. Elle reste donc un outil d’analyse permettant de mettre à jour les processus par lesquels une personne est discriminée en fonction de sa couleur de peau et de son appartenance (réelle ou supposée) à un groupe ethnique et géographique
Racisme
Hiérarchisation des individus par d’autres individus en fonction de leur couleur de peau ou de leur ethnicité, réelle ou supposée. Par un processus de racialisation et donc d’altérisation, les personnes non-blanches sont considérées comme inférieures et l’Autre. Cela a principalement des conséquences matérielles (accès à l’emploi et au logement digne, survie face aux institutions, illégalité identitaire, etc) et psychologiques (dignité, maladies mentales, assimilation, dédoublement, etc), mais aussi meurtrières, de blessures ou de mutilation.
Hiérarchisation des individus par d’autres individus en fonction de leur couleur de peau ou de leur ethnicité, réelle ou supposée. Par un processus de racialisation et donc d’altérisation, les personnes non-blanches sont considérées comme inférieures et l’Autre. Cela a principalement des conséquences matérielles (accès à l’emploi et au logement digne, survie face aux institutions, illégalité identitaire, etc) et psychologiques (dignité, maladies mentales, assimilation, dédoublement, etc), mais aussi meurtrières, de blessures ou de mutilation.
Résilience
La résilience est cette capacité qu’a un système de maintenir ses principales fonctions malgré les chocs, y compris au prix d’une réorganisation interne. Que le système soit la société, la ville, la maison ou nous-mêmes, les principes sont sensiblement les mêmes. La résilience peut être collective (territoriale) ou individuelle (psychologique).
Saphique
Synonyme de lesbien
Stéréotypant
Qui assigne à un stéréotype, c’est-à-dire une image caricaturale qui est habituellement admise et véhiculée au sujet d’un groupe de personnes.
Ségrégation
Processus politique, juridique et/ou social par lequel un groupe de personnes est traité de manière différente – négativement – ou mis à part relativement à d’autres groupes faisant partie de la même collectivité.
Tinfa (trans, intersexe, neutre, femme, agenre)
C’est raccourci est utilisé pour parler des personnes qui ne sont pas des hommes ci-genres (des hommes qui se reconnaissent dans l’identité de genre qui leur a été attribuée à la naissance).
Trouble psychique
Un trouble psychique désigne un ensemble d’affections et de troubles d’origines très différentes. Ces troubles entraînent un état de bien-être perturbé, des difficultés et de la souffrance dans la vie d’un·x·e individu·x·e et/ou de son entourage, notamment au travers de troubles émotionnels, du comportement et de la perception. L’individu·x·e est alors dans l’incapacité de s’adapter aux situations difficiles ou douloureuses et de maintenir son équilibre psychique. L’apparition de troubles psychiques peut être progressive.
Validiste
Une discrimination envers les personnes considérées comme ayant un handicap et non utiles au fonctionnement capitaliste. « Le validisme se caractérise par la conviction de la part des personnes valides que leur absence de handicap et/ou leur bonne santé leur confère une position plus enviable et même supérieure à celle des personnes handicapées » Collectif Lutte et Handicaps pour l’Égalité et l’Émancipation (CLHEE)
lexique 2022
Afroféminisme : Mouvement politique et militant visant à combattre à la fois les systèmes d’oppressions et d’exploitation que sont la suprématie blanche, le patriarcat et le capitalisme. S’il est à mettre en lien avec le Blackfeminism (cf définition), ce mouvement tient compte des particularités européennes et des contextes nationaux. Il a été très visibilisé dans les années 2013 via les réseaux sociaux et est aujourd’hui porté en France par des collectifs tels que Mwasi ou Swatche. La première organisation politique et collective de femmes Noires en France est la Coordination des Femmes Noires active à Paris de 1976 à 1982, puis le Mouvement des Femmes Noires de 1978 à 1982 entre autres.
Et pour aller plus loin: https://soundcloud.com/user-33369478/afrofeminisme?in=user-33369478/sets/isolation-termique
Blanchité : La blanchité, en anglais whiteness, est l’équivalent de ce qu’on pourrait aussi appeler la condition blanche.
(…) « Être blanc » est un marqueur social significatif dans un contexte qui associe la blancheur de la peau à la pureté, à la neutralité, à la supériorité de la civilisation occidentale, à l’universalité et à la normalité (Cervulle 2013 ; Essed & Trienekens, 2008). C’est l’ensemble de ces représentations associant couleur de peau et valeurs morales qui constitue la blanchité en fait de pouvoir et réalité contraignante exerçant de puissants effets sociaux et politiques (Guillaumin, 1992 : 215-216).
(…) La blanchité se comprend comme une idéologie raciste qui définit non seulement les frontières de l’appartenance, mais surtout les privilèges qui y sont associés. (…) La blanchité contribue à reproduire une violence raciste structurelle et exterminatrice (Kilani 2019), qui démontre que réduire le racisme à un préjugé individuel invisibilise, nie, voire renforce sa portée structurelle. (…)
La blanchité en Suisse s’exprime notamment par des privilèges qui se manifestent de différentes manières : ne pas se rendre compte que la couleur de peau est un marqueur social ; ne pas être systématiquement objet de soupçon dans les interactions avec l’administration ; ne pas devoir justifier sa présence dans l’espace national ; ou encore, ne pas risquer sa vie dans la rue. (…)
Explications tirées de la recherche d’Anne Lavanchy : https://www.ekr.admin.ch/f575.html
Voir aussi la recherche de Nell Irvon Painter sur l’histoire intellectuelle de la race blanche :
Cisgenre (“cis”) : une personne qui se reconnaît dans l’identité de genre qui lui a été assignée (attribuée) à la naissance.
Décoloniale : La pensée décoloniale a émergé, depuis environ trente ans, à partir d’un collectif de pensée formé initialement en Amérique du Sud. Elle se différencie dans son approche de celle proposée par le postcolonialisme.
Elle dénonce une décolonisation incomplète dans laquelle les hiérarchies raciales, économiques, de genre persistent. Elle remet en cause l’eurocentrisme et dénonce une hégémonie économique et culturelle, prônant le recours à des savoirs pluriversels qui rendraient mieux compte de la diversité du monde et de l’hétérogénéité des connaissances.
Elle postule que, malgré l’obtention de l’indépendance pour de nombreux pays, des rapports de pouvoirs subsistent aujourd’hui encore entre les anciennes métropoles et anciennes colonies et que, dans le système de gouvernance mondial, les pays de la périphérie (le Sud global) sont maintenus en position de subordination (par le biais du FMI ou de la Banque mondiale, par exemple).
Partant du principe que le capitalisme n’est pas seulement un système économique, mais bien un réseau de pouvoir global, intégré par nos procédés économiques, politiques et culturels, elle adopte une approche très largement intersectionnelle : elle s’intéresse au croisement des oppressions, liées à la classe sociale, au genre, aux origines et elle vise à élargir les analyses.
Dyadique : désigne les personnes qui ne sont pas intersexes, les personnes né·e·s avec des caractères sexuels (génitaux, gonadiques et chromosomiques) correspondant aux attentes binaires imposées par la société. Par exemple un homme cisgenre dyadique est un homme qui a été assigné homme à la naissance, qui se reconnaît toujours comme tel aujourd’hui et qui n’est pas intersexe.
Féminismes : Mouvements politiques et militants, ainsi que théories critiques, les féminismes ont en commun la lutte contre le patriarcat ainsi que contre les systèmes d’oppressions et d’exploitations liés aux genres. Ils ont différentes histoires et existent sur tous les continents.
Certains féminismes se positionnent ou s’engagent également contre le racisme, contre la transphobie, la xenophobie, contre la grossophobie, contre l’hétéronormativité, contre le validisme, contre les prisons, contre le militarisme ou contre les abolitionnistes du travail du sexe.
Malheureusement, les idées féministes sont aussi instrumentalisées, le plus souvent par des mouvements féministes blancs ou par des groupes d’extrême droite à des fins nationalistes, racistes, xenophobes, capitalistes, transphobes, pro avortement, pro prison ou encore contre le travail du sexe etc.
Parallèlement, c’est trop souvent les mouvements féministes blancs qui s’approprient le travail et les réussites des mouvements féministes minorisés et marginalisés.
Hétéronormatif : Ce concept renvoie à des idéologies normatives en matière de sexes, de genres, d’orientations sexuelles et de rôles sociaux. L’hétéronormativité est construite dans un système qui impose la binarité des sexes (masculin/féminin), des genres (homme/femme), des rôles sociaux (p. ex. père/mère) et des orientations sexuelles (hétérosexuelle/ homosexuelle), et à l’alignement de ces dimensions (sexe féminin/femme/mère/hétérosexuelle ; sexe masculin/homme/père/hétérosexuel). L’hétéronormativité met donc en place un système dominant dans lequel les personnes qui ne respectent pas ces normes (comme les personnes non hétérosexuelles, trans, ou non conformes aux stéréotypes de leur genre) sont considérées comme étant inférieures.
Panasiatique : Qui réunit l’ensemble des pays du continent asiatiques
Personnes trans (transgenre) : Une personne qui ne se reconnaît pas dans le sexe qui lui a été attribué à la naissance, une personne qui vit ou qui souhaite vivre dans un genre différent de celui qui lui a été assigné à la naissance. Cela englobe toute personne ayant fait ou souhaitant faire le choix d’une transition, qu’elle choisisse ou non d’avoir recours à des traitements médicaux et/ou des chirurgies dans cet objectif.
La transidentité peut se manifester par un sentiment personnel qu’il y a un décalage entre plusieurs choses : Le genre qui a été assigné par le corps médical à la naissance. La façon dont la personne est perçue par la société en termes de genre. Et la perception de sa propre identité.
Certaines personnes s’identifient hors des catégories de genre binaires (exclusivement femme / exclusivement homme) qu’impose la société, d’autres s’identifient entièrement à l’autre sexe.
Queer
Queer est un mot anglais signifiant « étrange », « sale pédé », « sale gouine » ou « tordu », il est utilisé pour désigner l’ensemble des minorités sexuelles et de genres. Le mot queer, qui convoque l’extravagance ou le hors-norme, a longtemps été une injure homophobe, avant qu’à la fin des années 1980 les militant·x·e·s aux états unis et les théoriciennes comme Teresa de Lauretis et Judith Butler ne s’approprient ce terme pour critiquer les politiques de normalisation des mouvements LGBT qui prônent comme seuls objectifs l’intégration dans la société hétérosexuelle à travers le mariage et l’adoption. Des activistes se réapproprient le terme au début des années 1990 pour affirmer des sexualités et des genres subversifs. Ce terme, à forte dimension antisexiste et antiraciste, regroupe désormais les personnes qui n’adhèrent pas à la vision binaire des genres et des sexualités (Binarité Homme/Femme ou Hétéro-sexuel·x·le·s – Homosexuel·x·le·s) et ne veulent pas être catégorisées selon les normes imposées par la société.
Aujourd’hui, il est régulièrement dénoncé comme étant de plus en plus dépolitisé, normalisé, policé, blanchi, capitalisé, etc.
Définition reformulée d’après celle de Paul B. Preciado
Transphobie : Discrimination/haine/aversion/rejet des personnes trans et/ou des transidentités. La transphobieordinaire paraît souvent anodine aux personnes cis. Elle peut s’exprimer de manière ouverte, violente voir meurtrière ou de manière plus insidieuse. Ne pas respecter l’identité d’une personne en est un exemple. La transphobie peut être intériorisée, amenant une personne à se haïr elle-même ou d’autres personnes trans.